Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
La "Belle époque" dans une ferme
un nouvel équilibre entre la société humaine et la communauté religieuse
Au cours de cette "Belle époque", la population de Mouzillon a été marquée par le contexte national de conflit entre la société humaine et la société religieuse. L'école des garçons était publique et laïque. Elle était le lieu d'une pensée et d'une culture différente de celle promue par la communauté paroissiale. La société civile et laïque offrait une autre pensée, une autre organisation de la vie collective et un avenir non seulement sur le territoire de la France métropolitaine, mais aussi sur les territoires colonisés, particulièrement en Afrique du Nord. Le charisme de l'instituteur publique pouvait peser lourd auprès de la jeunesse.
La messe du dimanche assurait une animation par le rassemblement des membres de la communauté chrétienne, par ses chants, par le sermon hebdomadaire. La célébration des baptêmes, des mariages et des sépultures permettaient un contact aux moments forts de la vie. Mais cette animation s'est révélée insuffisante; aussi un patronage a-t-il été mis en place. La création de la "Lyre Mouzillionnaise", vers 1903, fut une belle réalisation qui a traversé le XXème siècle. aussi l'école Notre Dame de Lourdes a-t-elle été créée et ouverte en 1912 pour les filles, sous la direction de la communauté des religieuses de Torfou. Cette école a formé la plupart des mouzillonnaises pendant plus d'un siècle. Classe 1922-1923
le recensement de 1896
Le recensement de 1896 indique une population de 1435 habitants à Mouzillon pour 391 ménages.
Au Grand Plessix :
dans une maison :
CHATELIER Louis, cultivateur métayer, chef de ménage, 42 ans
LUNEAU Adélaïde, 46 ans, sa femme
DENIS Marie, 13 ans, fille
DENIS Augustine, 10 ans , fille
CHATELIER Francine, 3 ans
GABORIT Victoire, 24 ans, domestique
FOULONNEAU Auguste, 18 ans domestique
dans l'autre maison
DENIS Henri, cultivateur métayer, chef de ménage, 69 ans
DENIS Marie, 66 ans
BRETONNIERE Pierre, 31 ans, gendre
DENIS Eugénie, 28 ans
DENIS Germaine, 21 ans,
BRETONNIERE Henri, 1 an, fils du gendre
BARRE Francis, 28 ans domestique
BABONNEAU Adrien, 13 ans domestique
La main-d'œuvre est toujours abondante au Grand Plessix ; il faut des bras pour un travail qui reste principalement manuel et peu mécanisé. Joseph BEGAUD et Augustine DENIS sont partis à Gorges.
Le couple CHATELIER a recruté d'autres domestiques, Henri et Marie DENIS voient arriver leur gendre Pierre BRETONNIERE.
le recensement de 1901
Le recensement de 1901 indique une population de 1368 habitants à Mouzillon pour 377 ménages. La population de Mouzillon est en baisse : Les exploitations sont peut-être trop petites, insuffisamment mécanisées. D'autres emplois deviennent plus rémunérateurs et offrent plus d'avenir ailleurs, dans ce pays où les transports et l'industrialisation progressent
Au Grand Plessix :
dans une maison :
CHATELIER Louis, cultivateur métayer, chef de ménage, 48 ans
LUNEAU Adélaïde, 52 ans, sa femme
DENIS Marie, 17 ans, fille
DENIS Augustine, 15 ans , fille
CHATELIER Francine, 7 ans
GABORIT Victor, 28 ans domestique
BRAUD Francis, 27 ans, domestique
dans l'autre maison :
BEGAUD Joseph, 40 ans
DENIS Augustine, 32 ans
BEGAUD Marie, 6 ans
BEGAUD Augustine, 4 ans
BEGAUD Joseph, 3 ans
BEGAUD Henri, 1 an
DENIS Marie, belle mère, 70 ans
GRIMAUD Joseph, 25 ans domestique
Dans la deuxième maison, Henri DENIS n'est plus là. Il est mort. Son histoire montre un homme de tempérament : lui, le cadet, a sur prendre sa place, se faire sa place dans le partage de la métairie. Il avait aussi largement contribué à la vie collective de la commune en étant conseiller municipal pendant plusieurs mandats. Et finalement son gendre BRETONNIER et son épouse Eugénie (née en 1868) ont quitté le village. C'est Augustine (née en 1869), épouse de Joseph BEGAUD qui revient au Grand Plessix. Ce couple prend en main l'exploitation.
Dans la première maison : une partante, Augustine DENIS, qui sera domestique dans la famille Durville à Clisson, va perdre de son influence sur la suite des évènements au Grand Plessix.
Est-ce un choix de sa part ? A-t-elle été poussée à partir par sa sœur ainée qui ne voulait pas partager la succession de l'exploitation ? Augustine occupera ce poste d'employée de maison dans cette famille, toute sa vie. Pour sa retraite elle reviendra à Mouzillon dans la maison qu'elle a héritée de son oncle Jean-Baptiste DENIS, située actuellement 9 rue Saint Vincent. C'est là qu'elle finira ses jours en avril 1964.
Augustine DENIS
Un nouvel arrivant va être l'un des acteurs d'une modification dans le premier ménage : Joseph CHATELIER, né à Montigné sur Moine en 1876.
Il est un neveux de Louis CHATELIER. Est-il venu au Grand-Plessix comme ouvrier agricole ou est-il venu parce qu'il avait rencontré Marie DENIS dans des réunions de famille ? La question se pose toujours dans la mesure où les distinctions entre vie de couple et vie de travail n'étaient pas encore à l'ordre du jour. Marie DENIS et Joseph CHATELIER
Une société civile
Un acte passé le 10 décembre 1904 entre Louis CHATELIER et son neveu Joseph CHATELIER, va créer une société civile pour l'exploitation à moitié de la métairie que Louis CHATELIER avait en fermage de Théophile Bascher de Beaumarchais demeurant à Nantes, 4 rue Sully. L'estimation indique :
I- bestiaux : 3445 Fr
II- Récoltes en terre : 745,85
III- récolte en grenier : 701
IV- Tombereau, Harnais, Jougs et courroies, volailles et lapins : 230 soit un total de 5121,85 Fr dont la moitié pour Joseph CHATELIER 2560,95 Fr
Cet acte précise que Louis CHATELIER possède une borderie dite « Le Printemps » en Vallet et qu'en 1906, il aura droit de prendre les boeufs, charettes charrues et accessoires pour y faire du vert et des ensemencements... On peut penser que plusieurs motifs ont conduit à cet accord D'un point de vue économique, avec l'achat de la borderie du Printemps, Louis CHATEILIER s'est endetté à l'égard de sa belle fille Marie DENIS (100 Fr) et à l'égard de son neveu Joseph CHATELIER (433,35 Fr). Cette association est une solution puisque Joseph CHATELIER finance sa part
par un emprunt
par les gages de sa femme
par ses gages
par un prêt de ses parents.
D'un point de vue familial, Louis CHATEILIER veut se trouver un « chez lui » au Printemps» puisque le Grand Plessix a été un lieu où il est arrivé comme ouvrier agricole, où il a vécu avec son épouse et les enfants de celle-ci qui étaient les héritiers des vignes.
Dans le même temps Joseph CHATELIER qui a 24 ans et qui vient d'épouser Marie DENIS veut prendre sa place et représente la nouveauté. Le signe est clair quant il est stipulé qu'il pourra acheter un cheval qui sera nourri par la société.
Enfin Joseph CHATELIER bénéficiera d'un mois de congés par an. Nous sommes au début du XXème siècle... au cours duquel les loisirs prendront leur place. Cet acte présente une autre particularité : il est passé entre les hommes (l'oncle et le neveu) et les femmes ne sont évoquées que de façon incidente alors qu'au fond il est permis de se demander si elles ne sont pas les acteurs principaux : Adélaïde Luneau, Marie Denis, Augustine Denis.
Est-ce au cours de cette année 1905 que Augustine DENIS a quitté le Grand Plessix pour aller travailler à Clisson comme employée de maison ? Est-ce Marie, avec sa forte personnalité, qui s'est imposée avec son mari Joseph pour être seuls à la tête de l'exploitation ? Est-ce Adélaïde qui a tout fait pour que chacun trouve sa place ?
le recensement de 1906
Le recensement de 1906 indique une population de 1337 habitants à Mouzillon pour 378 ménages. La population de Mouzillon continue de baisser.
Au Grand Plessix :
dans le première maison :
CHATELIER Louis, né en 1853 à St Lumine-de-Clisson
LUNEAU Adélaïde, née en 1848
CHATELIER Joseph né en 1876 à Montiqné-sur-Moine
DENIS Marie, née en 1888
CHATELIER Francine, née en 1883
CHATELIER Joseph, né en 1905
CHEVALIER Samuel né en 1885 à St Philbert-de-Bouaine, domestique
dans la deuxième maison :
BEGAUD Joseph, né en 1860 à Gorges
DENIS Augustine, née en 1869
BEGAUD Marie, née en 1894
BEGAUD Augustine, née en 1896
BEGAUD Joseph, née en 1898
BEGAUD Henri, née en 1899
DENIS Marie, née en 1830
BEGAUD Germaine, née en 1902
BEGAUD Armand, né en 1904
OGER François, né en 1891, domestique
le recensement de 1911
Le recensement de 1911 indique une population de 1315 habitants pour 369 ménages. La population de la commune continue de baisser.
Au Grand Plessix :
dans le première maison :
CHATELIER Joseph, né en 1876 à Montigné sur Moine
DENIS Marie, née en 1883
CHATELIER Joseph, né en 1905
CHATELIER Auguste, né en 1907
CHATELIER Marie, née en 1909
GREGOIRE Augustine, née en 1876 à Gétigné, domestique
GREGOIRE Adrien, né en 1886 à Gétigné, domestique
dans le deuxième maison :
DENIS veuve BEGAUD Augustine, né en 1869, chef de ménage
BEGAUD Marie, née en 1894 à Gorges
BEGAUD Augustine, née en 1896 à Gorges
BEGAUD Joseph, née en 1898 à Gorges
BEGAUD Henri, né en 1899 à Mouzillon
BEGAUD Germaine né en 1901 à Mouzillon
BEGAUD Armand, né en 1904 à Mouzillon
BEGAUD Marcelle, née en 1908 à Mouzillon
BEGAUD Georgette, née en 1908 à Mouzillon.
MORILLE Jean-Baptiste, né en 1876 à Beaupreau, domestique. .
Dans la deuxième maison, Joseph BEGAUD est décédé. Augustine poursuit l'exploitation avec ses fils Joseph (13 ans) et Henri (12 ans) pour assurer la subsistance de toute la famille. Ils ont su faire face dans l'adversité.
Deux évènements vont marquer le premier ménage :
la mort de Joseph CHATELIER début juillet 1912, à l'age de 7 ans, d'une méningite. Ses parents prendront une concession à perpétuité dans le cimetière pour qu'il soit enterré.
La naissance de Josephine CHATELIER le 15 mars 1914.
Mais avec l'année 1914, se profile un autre horizon beaucoup plus dramatique. Les mauvaises nouvelles circulaient déjà en juillet pendant les moissons. Début août 1914 le tocsin a sonné à Mouzillon comme dans toutes les paroisses de France. La guerre est déclarée. Comme environ 200 autres Mouzillonnais, Joseph CHATELIER est appelé à rejoindre l'armée française. Il laisse sa femme et ses enfants au Grand Plessix. Cette première guerre mondiale va bouleverser la vie internationale et la vie de chacune de nos familles.
Ce n'est plus la "belle époque", en témoigne le diplôme remis à Marie DENIS, épouse CHATELIER pour sa gestion de la ferme. Derrière ce diplôme se cachent des travaux difficiles pour une femme... le soin des animaux de la ferme, les labours avec les bœufs, les récoles...